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de fiécles, ceux qui écrivirent le moins mal en vers, contens de quelques traits qui montrent qu'ils ne manquoient pas POET. LAT, d'un certain génie, s'abandonnerent Mod. mille fois à des licences que l'on trouve rarement chez les Anciens. Ceux: qui lifoient ces derniers, profitoient mal de la lecture qu'ils en faifoient. S'ils avoient un peu plus de goût, ils le gâ-toient par la baffeffe de leurs expreffions, par de froids jeux de mots, par des termes forgés, ou par une efpéce d'enthoufiafme hors de raifon. Je ne prétends pas dire que durant les fiécles dont il s'agit, il n'y a eu aucun bon écrit en vers; mais feulement qu'ils ont été très-rares, & qu'aucun n'a approché des Anciens. Vous pouvés en voir la preuve, au moins pour tous ceux qui ont écrit dans toute l'étenduë de l'Empire François, dans les favantes Differtations de M. l'Abbé le Boeuf fur l'état des Sciences en France fous: Charlemagne & plufieurs des fucceffeurs de ce Prince, & dans ce que les habiles Auteurs de l'Hiftoire Littéraire de la France ont écrit fur le même fu- jet. Les autres nations, l'Italie ellemême, ne furent pas mieux partagées,, comme leurs Historiens en font foi.

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MOD.

Juvenel » P.

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à

Ce ne fut que dans le feiziéme fiéTRADUC- cle que la Poëfie Latine commença POET, LAT reprendre quelque luftre. L'amour des Lettres que l'on peut appeller la paffion Eff. fur l'hift. dominante de ce fiécle, bannit alors des B. L par l'ignorance des fiécles précédens. On revint aux anciens Ecrivains, on les lut avec plus d'application & de goût, & par conféquent avec plus de fruit. Mais la plupart des Poëtes de ce temslà fe perfuaderent trop aifément quepour bien imiter les Anciens, ils de-voient emprunter leurs propres paroles, ce qui les empêcha de s'appercevoir que cet attachement trop fervile à la Latinité, éteignoit en eux, ou du moins amortiffoit ce beau feu qui fait les Poëtes.

Le quinziéme fiécle avoit vu cependant quelques Poëtes qui fe firent alors: une grande réputation, & que l'on eftime encore, entre autres, Mapheus: Vegius, de Lodi en Lombardie, mort en 1458. & Michel Verin. Le premier fut Dataire du Pape Eugene IV. fucceffeur de Martin V. Il fut auffi Ab-bréviateur, & de plus dès l'an 1443Chanoine de faint Pierre de Rome. Ce qu'il y a de plus connu parmi fes poëfies, eft le treiziéme Livre qu'il s'imagina d'ajouter à l'Enéïde, pour donner

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le Parad perde

& reconq. l

p. 55. 56.

à la fable de ce poëme une conclufion dont l'étenduë eût de quoi fatisfaire la curiofité de l'efprit le plus paffionné POET. LAT pour les détails. Il y dépeint le déses- Mod. poir de Rutulus, les nôces d'Enée & Lett. crit. fur de Lavinie, &c. Le fuccès de cet ouvrage n'a pas répondu au zéle de l'Au- . teur; on étoit trop accoutumé fur le Parnaffe à regarder les douze Livres de l'Enéïde comme un poëme complet pour changer d'idée au gré de Végius; & malgré la beauté de fa verfificativa, fon fupplément n'a paffé jusqu'ici auprès des Connoiffeurs que pour un morceau poftiche, ennuyeux, & fi étranger à l'action de l'Enéïde, qu'on auroit eu de la peine à pardonner à Virgile lui-même une pareille fuperfluité. Ce fupplément a été plufieurs fois traduit en notre langue, en vers & en profe. Rappellés-vous ce que j'ai dit Biblot. Fr. ailleurs de ces traductions; je dois être t. v. chap. 1 dispensé de le repéter.

Michel Vérin, fils d'Ugolin, étoit, comme fon pere, né à Florence, & non dans l'ifle de Majorque ou dans celle de Minorque, comme plufieurs l'ont écrit. Tous deux étoient Poëtes : mais on n'a rien traduit d'Ugolin. Michel eut pour Maître dans l'art de la Poëfie, Paul

Saffia de Roncilione à qui il dédia fes TRADUC- Diftiques moraux que leur utilité jointe POET. LAT. à un ftyle naturel & facile, a rendus. MOD. célébres. Si l'Auteur a fait quelques

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Lit. fing. fautes contre la quantité, on doit les hift, & lift, lui pardonner, dit Voffius, à caufe de five, fa grande jeuneffe. Ce qui a fait recher

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cher ces Diftiques, c'eft qu'ils font remplis de maximes édifiantes & folides. Vérin s'étoit nourri dès l'âge le plus tendre de la lecture des bons livres, & fes mœurs répondoient aux principes folides qu'il y avoit puifés. Si les Savans ont loué la beauté de fon efprit, quels éloges n'ont-ils pas donnés à la pureté & à l'innocence de fa vie! It porta fi loin fon amour pour la continence, qu'il préféra la mort au mariage, & le célibat à une plus longue vie que les Médecins lui promettoient s'il vouloit fe marier. Il paroît qu'il fouffrit longtems & avec beaucoup de conftance, la trifte fituation où fon refus de fe ren dre à l'avis des Médecins, l'avoit précipité, puifqu'il dit dans un de fes Dif tiques qu'il y avoit déja plus de fix mois qu'il languiffoit. Il mourut l'an 1487.. à l'âge de dix-huit ans, ou âgé d'environ dix-neuf ans, felon Pierre Dauphin : Let 90. du qui en parle dans une de ses lettres..

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Les Diftiques de Vérin furent imprimés la même année à Florence; & combien d'éditions n'en a-t'on pas fait POET. LAT. depuis ? I feroit à fouhaiter que l'on MoD, en eût donné du moins une bonne traduction en notre langue pour l'utilité de la jeuneffe. On ne peut confeiller aujourd'hui les deux traductions que nous en avons, l'une en vers & en forme de quatrains par Claude Ode dè Triors Gentilhomme de Dauphiné près de Romans, imprimée en 1577. l'autre en profe donnée en 1614. par Claude Hardy, Parifien, avec des annotations & remarques. Colletet parlant de la premiere dans fon Difcours de la Difc. n. 17% Poëfie morale, reprend le Gentilhomme P• 14o. Dauphinois de l'épithete de beaux qu'il a donné à fes Quatrains. «Que ce «<< foient des Quatrains, dit-il, j'en de- << meure d'accord, mais qu'ils foient <<< auffi beaux que porte leur titre, c'eft « de quoi je doute fort, & avec rai- « fon. Après tout, ajoute Colletet, « · leur lecture ne fera pas inutile à ceux «<< qui voudront après lui tenter ce petit & curieux travail. >>

Si Claude Hardy en a tiré quelque utilité pour fa traduction en profe des : mêmes Diftiques, il n'a pas beaucoup

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