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Janvier de cette année *, fuivant le témoignage de Saint
Julien dans la Chronique, & dans la Vie de Saint Ildefonfe,
où il marque que ce Saint, qui mourut le 23. de Janvier,
termina fa vie le jour fuivant de la dix-huitiéme année
accomplie du Régne de Récéfuinthe (A).

Son mariage

ge.

Plufieurs

pagnols font à

tort cette Princeffe, femme de Chindafuinthe.

Vers ce même tems, Récéfuinthe époufa Riciberge, qui avec Riciber- étoit fans doute la fille d'un des Principaux Gots de la Monarchie, & il y a lieu de croire que ce mariage, qui étoit depuis quelque tems fur le tapis, difpofa en faveur de ce Prince les parens de Riciberge, qui ne dûrent pas peu contribuer à le faire faluer Compagnon & Succeffeur de fon pere. Morales, Padilla & plufieurs autres Historiens Hiftoriens Ef d'Espagne, ont dit que Riciberge avoit été femme de Chindafuinthe. Ils fe font fondés fur une Epitaphe qui fut faite, lorfqu'elle mourut, par Eugêne Archevêque ou Métropolitain de Toléde, dont le Pere Sirmond a mis les Ouvrages au jour en l'année 1619. mais on trouve dans le Manufcrit de ses Ouvrages, qui eft dans la Bibliothèque de l'Eglife de Toléde, necefuintkus au lieu de Chindafuinthus, comme le Pere Sirmond l'a publié, & comme l'ont fait avant lui ceux que j'ai nommés. Au furplus, l'Epitaphe porte que Riciberge mourut à l'âge de vingt-deux ans, après en avoir vêcu fept dans l'Etat du mariage; de forte qu'elle n'avoit que quinze à feize ans, lorsqu'elle fut mariée, ce qui ne paroît point convenir à l'égard de Chindafuinthe. En effet, fi Chindafuinthe mourut à quatre-vingt dix ans, comme le raconte Frédegaire, ce Prince devoit en avoir quatre-vingt, lorfqu'il monta fur le Trône, puifqu'il régna dix. Or, il n'eft pas croïable que dans un âge fi avan

ANNE'E
J. C.

649.

DE

(4) ISIDORE de Badajoz dans la Chronique & d'autres.

Mariana la met en 648. toujours par une fuite de fon erreur fur l'année que Chindafuinthe ufurpa la Souveraineté. D'ailleurs il fe contredit lui même, & il fournit des preuves convainquantes de fon Anachronifme, lorfqu'après avoir fixé la mort de Saint Ildefonfe au commencement de la dixneuvième année du Régne de Récéfainthe, il marque qu'il le tint du tems de ce Saint, un Concile à Mérida le 6. de Novembre de l'année 666. En effet, fi fon époque de l'élection de Chinda

fuinthe étoit véritable, comment fe
pourroit-il, faire que Saint Ildefonfe eût
terminé fa vie au commencement de la
dix-neuvième année de ce Monarque,
tandis que le Concile de Mérida, célé-
bré du tems de ce Saint, fe feroit te-
nu dans le dixième mois de la même
année du Régne de ce Souverain ? Ce-
pendant les dates des années de la tenue
du Concile de Mérida, & de la mort de
Saint Ildefonfe font juftes, comme on
le verra dans le Corps de l'Ouvrage. II
fuit donc que celle de l'élection de
Chindafuinthe, fuivant Mariana, eft ab-
folument faulse.

ERE D'E

PAGNE.

687.

ERE D'ES

cé, il ait pû penfer à époufer une perfonne fi jeune. Par confequent, on a lieu de fe perfuader que Riciberge n'a 687. point été femme de Chindafuinthe, mais bien de Récéfuin

PAGNE.

the fon fils.

688.

.

ANNE'E DE

J. C. 649.

Il fuit encore de ceci que le Privilége de Chindafuinthe, en faveur du Monaftére de Saint Fructueux, eft faux, parce que Riciberge paroît l'avoir figné, comme femme de Chindafuinthe, quoiqu'elle ne le fût pas.

650

L'Espagne troublée par

!

L'élection & la proclamation de Récéfuinthe pour Succeffeur de fon pere, ne furent point fi univerfellement approuvées, qu'il ne fe rencontrât parmi les Gots quelques per- Froia, Sujet fonnes de confidération qui en témoignaffent beaucoup de rébelle. mécontentement. Comptant fur le grand âge de Chindafuinthe, elles s'étoient flattées de pouvoir afpirer à la Couronne, lorfqu'après fa mort, l'on procéderoit à l'élection d'un nouveau Roi; de forte qu'elles étoient au défespoir de fe voir par-là déchûes de leurs efpérances. De ce nombre étoit Froïa, qui avoit un parti affés confidérable, & qui réfolut de faire valoir par la voïe des Armes fes droits chimériques. Pour cet effet, il alla en France & il y leva une Armée chez les Vascons, qui dans ce tems s'attachoient au fervice de ceux qui les païoient, comme les Suiffes le pra tiquent de nos jours. Il paffa avec elle les Pyrénées, & il entra en Espagne, mettant tout à feu & à fang, dans les endroits où il alloit, fans épargner, ni Eglifes, ni Monaftéres, ni Eccléfiaftiques, ni Moines, ni femmes, ni enfans; de forte qu'il jetta la confternation dans tout le Païs arrofé dé l'Ebre. Sur cette nouvelle, Récéfuinthe fe hâta d'affembler Récéfuinthe des Troupes, & de marcher à la recherche de l'Ennemi. y rétablit la Aïant rencontré Froïa, il fondit fur lui tout-à-coup & il le tranquillité. défit, quoiqu'il lui en coûta affés de monde. Les Vafcons qui ne périrent point dans ce combat, ou qui ne furent point faits prifonniers, s'en retournerent chez eux avec précipitation, n'ofant plus paroître devant le Vainqueur (4).

I

Tajon Evêque de Saragoffe, commença à réunir en cinq Tajon de Livres tous les Points de Théologie femés dans les Ecrits de Saragoffe fait Saint Grégoire le Grand, empruntant des Ouvrages de Saint, tion de SeaAugustin, de quoi fuppléer à ce qui n'étoit point traité

une Collec

tences. par

(4) TAJON Evêque de Saragoffe dans || Cardinal d'AGUIRRE : ISIDORE de Ba-
la Lettre à Quirice de Barcelone, dajoz dans la Chronique.
publiée par le P. MABILLON & par le

J. C.

Saint Grégoire. Le Pere Mabillon a promis dans fes AnaANNE'E DE lectes de mettre au jour cette Collection Théologique des ERE D'EX Sentences des Peres, qui est la premiere que l'on ait faite en ce genre, dans lequel d'autres ont travaillé par la fuite (A).

650.

PAGNE. 688.

À Cabra, Bacaula qui occupoit le Siége Epifcopal de cette Ville, confacra fous l'invocation de Nôtre-Dame une Eglife, qu'Eulalie & Paul fon fils qui étoit Moine, avoient fait bâtir à leurs dépens (B).

651.

clémence de

Quoique Récéfuinthe eût détruit & diffipé l'Armée de Prudence & Froïa, il y avoit encore quelques-uns des Principaux MéRécélpinthe. contens & Rébelles qui étoient à redouter. Ils étoient foûtenus & animés par quelques Villes & par quelques Peuples, qui fe dégoûtoient du Gouvernement, parce qu'ils étoient furcharges d'impôts, & que Chindafuinthe avoit ôté à plufieurs les Priviléges & les Droits que fes Prédéceffeurs leur avoient accordés en récompenfe de leurs fervices. Récéfuinthe, qui n'ignoroit point ce qui fe paffoit, se perfuada qu'il valloit mieux ramener par la douceur les efprits aigris, que de les réprimer par la voïe des Armes, dont les Rois ne doivent point faire usage contre leurs Sujets, que quand ceuxci ont l'infolence de refufer de fe rendre à l'équité & à la raison. Suivant fon projet, il tâcha de les attirer tous à son fervice, offrant aux Rébelles une Amniftie générale, aux Peuples une modération dans les impôts, & à ceux qui prétendoient qu'on leur avoit fait quelque injustice, la reftitution de ce dont ils avoient été privés, & il s'engagea même de donner pour tout ceci toutes les sûretés qu'on lui demanderoit. Par-là, il eut la fatifaction de gagner le cœur de ses Sujets, & de voir tous les troubles se changer en une paix ftable (C).

6520

Chindafuin

the.

Le Roi Chindafuinthe accablé par le poids de fes années Mort de & attaqué des infirmités qui le précipiterent au tombeau, fongea à fe préparer à la mort en bon. Chrétien. Il fit faire pour cet effet de grandes aumônes, & il demanda d'être admis à la Pénitence, c'eft-à-dire, d'être revêtu de l'habit de Pénitent, qui étoit en ufage alors, & dont il eft parlé dans le Concile IV. de Toléde, Canon 55. Ce Prince mourut enfin le premier jour d'Octobre, aïant régné feul, & avec fon

LA & par plufieurs autres.

Eglife bâtie. à Cabrit Eulalie & Paul.

(4) TAJON dans la même Lettre.
(B) Infcription rapportée par PADIL-

Toléde.

689%

6959

ERE D'ES

PAGNE.

690.

691.

fils, dix ans, quatre mois & dix-huit jours. Saint Eu-
gene Métropolitain de Toléde lui fit une Epitaphe (A).
Tajon Evêque de Sarragoffe, aïant achevé fes cinq Livres
des Sentences des Peres, tirés des Ouvrages de Saint Gré-
goire & de ceux de Saint Auguftin, les envoïa à Saint Eu-
gene Métropolitain de Toléde, afin qu'il les examinât. En
même-tems,il lui écrivit une Lettre, dans laquelle il lui mar-
quoit ce qu'il avoit appris à Rome, de la fainteté, des ver–
tus & de la profondeur de la science du même Saint Gré-
goire (B).

653.

Le 20. d'Octobre de cette année fut le jour du martyre de Martyre de la Glorieufe Sainte Iréne, native de Portugal,laquelle fouffrit Sainte Iréne dans un endroit appellé Nabantium, proche de Scalabis, qui fe nomme préfentement à caufe de cette Sainte,Sanita Irene, & par corruption Sanctaren. Elle étoit fille de pere & mere Nobles, qui l'élevérent dès fon enfance dans la crainte de Dieu. Sa beauté & fa difcrétion lui gagnérent le cœur de Britalde, homme de confidération dans le même lieu. Celui-ci aveuglé par fa paffion, mit tout en œuvre pour obtenir fes faveurs. Îrrité de la trouver inébranlable & incorruptible, (B)il ceffa toutes fes follicitations, mais ce ne fut que pour lui faire fentir tout l'effet de fa fureur & de fa rage. Son amour s'étant en effet tourné en haine, il donna ordre à un homme de lui ôter la vie. Le Barbare qui fe chargea de cette commiffion, épia une occafion favorable pour s'en acquitter, & l'aïant trouvée, il en profita. Après l'avoir poignar dée, il la jetta dans la Riviére d'Habanis, afin que fon crime. ne fût point connu. Le courant entraîna fon Saint Corps dans le Tage,où la Riviére alloit fe jetter, & le Tage le porta jufqu'auprès de Scalabis. Dieu, qui vouloit honorer fon Epoufe, révela à l'Abbé Sellius, qui étoit fon oncle, à ce que l'on prétend, la maniére dont elle avoit été tuée, à caufe de fon attachement à la chasteté, & l'endroit où étoit fon précieux Corps.. On alla aussi-tôt à la recherche de ce riche tréfor, & les eaux s'étant retirées miraculeufement, on apperçut dans le milieu du Fleuve un Sépulcre magnifique, fait par les Anges mêmes, où tous ceux qui accompagnoient Sellius, le virent & le vénérerent. Les affiftans fe mirent en

(4) S. JULIEN de Toléde dans la Chronique des Vifigots. FREDEGAIRE, dans la Chronique, nom. 82.

(B) Lettre de TAJON au même Saint Eugêne, jointe à fes ouvrages dans le Manufcrit de la fainte Eglife de Toléde

ANNE'E

J. C. 652.

DL

devoir de l'en tirer, afin de le placer dans un lieu convena

J. C.

653.

ANNE'E DE ble, mais le Corps & le Sépulcre réfifterent à tous leurs pieux
efforts. Reconnoiffant par-là que la volonté de Dieu étoit
l'un & l'autre reftaffent dans cet endroit, ils emporte-
que
rent pour leur confolation quelques Reliques de la Sainte,
par lesquelles Dieu a opéré dans la fuite plufieurs miracles.
Dès qu'ils s'en retournerent, les eaux du Tage reprirent
leur cours ordinaire. La Sainte a été depuis en fi grande vé-
nération à Scalabis, que cette Ville a changé peu-à-peu fon
& s'appelle aujourd'hui, comme je l'ai déja dit, Sanc-
taren, c'est-à-dire, Sancta Irene, Sainte Iréne (A). Truxillo,
Mariette, Morales, Padilla & d'autres ont décrit fa Vie fort
au long, où ils racontent certaines chofes qui me paroissent
fufceptibles de quelque Critique.

nom,

Concile VIII. de Toléde.

Récéfuinthe, pour prouver à fes Sujets qu'il avoit réellement en vûe leurs propres intérêts, & qu'il vouloit leur tenir fes promeffes, convoqua à Toléde un Concile, & les Etats généraux du Roïaume *, afin que les Evêques & les principaux Seigneurs de la Monarchie, fe trouvant dans cette Ville, les uns & les autres travaillassent de concert à terminer tous les différends qu'il y avoit entre lui & le Peuple. L'on fit le 17. de Décembre l'ouverture du Concile, qui fut célébré dans la Bafilique des Apôtres Saint Pierre & Saint Paul, fituée dans le lieu où eft à préfent l'Hôpital fondé par le Cardinal Don Pedro Gonçalez de Mendoza, afin d'être plus proche du Palais Roïal, qui étoit fans doute l'Alcaçar, quoique quelques-uns jugent le contraire. Il y concourut les Evêques qui fuivent.

**

Oronce Métropolitain de Mérida, & de fes Suffragans,
Jean Evêque de Coria, Silva d'Idagna, Egered de Salaman-
que, Abience d'Evora, Filimire de Lamego, Widila de
Vifée, Amaturus d'Avila, Adeodat de Badajoz, Célédoine

(4) Le Martyrologe Romain au 10. d'Octobre.

* C'est ainsi qu'il m'a paru, que l'on devoit entendre le paffage Efpagnol conçu en ces termes : Ordenò que fe juntaffe un Concilio, Señalando à Toledo fu Corte, para que concurrieffen à ella los PreLados, con quienes avian de affiftir los principales fenores, para &c. parce que la plupart de ces Conciles, & celui-ci

en particulier étoient comme les Etats
Généraux du Royaume, ainfi qu'on le
voit par plufieurs de leurs Décrets.

*MARIANA la met au 16. de Novem-
bre; mais la fauffeté de cette datte fe
prouve par l'écrit même que le Roi pré-
fenta aux Peres du même Concile dans la
premiére Séance, & qui étoit du 16.de
Décembre, comme il eft obfervé par M.
Fleury dans l'Histoire Ecclésiastique.

ERE D'EPAGNE 691

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