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té le Vendredi-Saint, parce que fuivant l'usage de l'Eglife, ANNE'E DE l'on ne dit point de Meffe ce jour-là.

J. C.

693.

Felix de Sé

ville, transféré au Siége de

Toléde.

694. Concile

XVII. de Toléde.

Ses Conftitutions.

IX. L'on prononça la Sentence de dépofition de Sifebert Métropolitain de Toléde, coupable du crime de Lèze Majefté, pour avoir confpiré contre la vie du Roi, de la Reine

& de fes enfans.

X. Il est défendu fous peine d'excommunication, d'atten-
ter à la vie du Roi, à celle de fa femme ou de ses enfans, &
fous peine d'être fait Efclave, de conspirer contre eux.
XI. On pria Dieu pour la confervation & la profpérité

du Roi.

XII. Le Concile élut pour Métropolitain de Toléde, Felix Métropolitain de Séville, à qui l'on donna pour Succeffeur, Fauftin Métropolitain de Brague, dont le Siége fut rempli par Felix Evêque de Porto.

XIII. Sur ce que les Evêques de la Province de Narbonne n'avoient pû fe rendre au Concile, à caufe de la Maladie Epidémique dont leur Païs étoit affligé, on ordonna qu'ils en tiendroient un autre pour approuver tous ces Décrets. L'on termina ainfi le Concile, après que tous ceux que j'ai nommés, eurent souscrit (A).

ERE D'ES

PAGNS

Les Juifs d'Efpagne opprimés par tant de Loix fi févéres, 73 réfolurent de fecouer le joug. Pour cet effet, ils firent fecrétement avec ceux d'Afrique, une confpiration contre le Roi & contre l'Etat. Malgré toutes leurs précautions, le Roi Egiza eut avis de leurs menées. Le Prince perfuadé qu'il falloit prévenir ces audacieux & les punir au plûtôt, fit affembler un Concile à Toléde; mais on ne fçait point le nom des Evêques, ni des Grands qui y affifterent, parce qu'il n'y a point de foufcriptions. On en fit l'ouverture le neuviéme jour de Novembre dans l'Eglife Paroiffiale de Sainte Léocadie, où le Roi étant entré le même jour, préfenta un Mémoire de ce que l'on devoit traiter. Les Peres du Concile, après avoir commencé comme à l'ordinaire par la Confeffion de Foi, ordonnerent ce qui fuit.

I. Avant la célébration des Conciles, on jeûnera trois jours, en l'honneur de la très-Sainte Trinité, afin que Dieu éclaire les perfonnes qui doivent s'y trouver. Pendant ce tems, les Evêques conféreront enfemble fur les matiéres Spirituelles qui devront y être traitées sans (4) Actes de ce Concile daas LoAYSA, le Cardinal d'AGUIRRE & d'autres.

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ERE D'ES-
PAGNE.

733

734

732.

qu'aucun Séculier affifte à ces Affemblées.

J. C. 694.

II. Depuis le commencement du Carême jusqu'au Jeudi- ANNE'E
Saint, le Baptiftaire fera fermé & fcellé du Śceau de l'Evê-
que, afin que l'on fçache que dans ce tems l'on ne doit ad-
miniftrer le Sacrement de Baptême, qu'en cas de néceffité.
III. Le Jeudi-Saint, tous les Evêques d'Efpagne & de la
Gaule Narbonnoife, laveront les pieds à leurs Miniftres,
à l'exemple de Jefus-Chrift.

IV. On n'emploïera point aux ufages profanes, les Vafes
Sacrés & tout ce qui fert au Culte Divin.

V. Défense à tout Prêtre, fous peine d'excommunication
& d'une prison perpétuelle, de dire la Meffe des Morts
pour les Vivans, dans l'intention & dans l'espoir de caufer
mort à ceux-ci. [ Erreur certainement aflez groffiére &
affez affreufe.]

VI. Tous les mois, on fera des Litanies ou Priéres publi-
ques pour le Roi, pour le bien de la Monarchie, & pour
la rémiffion des péchés.

VII. Le Concile renouvelle la Loi & les promeffes de
protéger la Famille Roïale, défendant fous les peines pro-
noncées par les autres Conciles, de lui faire aucun tort,
me après la mort du Roi.

VIII. Tous les Juifs, qui après avoir été baptifés, auront judaïfé, ou confpiré contre le Roi, feront réduits en fervitude perpétuelle & dépouillés de leurs biens. Non-feulement on ne leur permettra point aucun Service de leur Religion, mais on leur ôtera auffi leurs enfans à l'âge de fept ans, pour les faire élever chrétiennement. Les Peres rendirent enfuite des actions de graces à Dieu & au Roi, & terminerent le Concile que le Prince approuva par fon Edit (A).

DE

695. Felix de To léde en gran

Felix Métropolitain de Toléde étoit alors très-recommendable, pour fa prudence, pour fes vertus & la pour profondeur de fa fcience (B). Quelques-uns mettent en cette de répuration. année 695. la mort de Saint Valére Abbé de Saint Pierre des Monts; mais j'exige, pour être de cette opinion, que l'on cite quelque témoignage ancien digne de foi.

Cependant les Sarazins avoient déja étendu leur Empire fort avant dans l'Afrique. Voulant mettre tout ce Païs fous

(A) A&tes de Concile dans LoAYSA, ' || (B) ISIDORE de Badajoz,

L'AGUIRRE & d'autres,

696. Flotte des Sa razins battue

J. C.

Gots.

696.

leur domination, ils entrerent avec une puiffante Armée ANNE'E DE dans les Mauritanies, dont ils firent en peu de tems la conquête. Il y a apparence que leur Flotte côtoïoit, en fe conpar celle des formant à tous les mouvemens de l'Armée de terre. Le Roi Egiza en aïant pris ombrage, à caufe du voisinage de ces Provinces avec l'Efpagne, fit équiper la fienne pour garder les Côtes de fon Koiaume, & en donna le Commandement à Théodemir: fi celui-ci n'étoit pas fils ou gendre d'Egiza, & le même dont Sifebert avoit juré la mort, il étoit au moins un des Grands de la Monarchie. Théodemir fe mit en Mer, pour obferver la Flotte des Sarazins. L'aïant rencontrée, il l'attaqua fi courageufement, qu'il la contraignit de prendre la fuite, & qu'il gagna la victoire (A). Cédrene, Baronius & d'autres placent en cette année la conquête des Mauritanies par les Sarazins.

697.

tre les Gots

ne.

Egiza eut en cette année 697. la guerre avec les Francs, Guerre en fans qu'il m'ait été poffible d'en découvrir le motif, ni dans & les brancs. les Hiftoires d'Efpagne, ni dans celles de France : les uns veulent que ç'ait été du côté de l'Aquitaine, & d'autres du côté de la Gaule Narbonnoife. Il eut trois chocs avec les Ennemis; mais la victoire demeura toujours indécife; preuve, que l'on combattit de part & d'autre avec une égale réConjecture folution. Je m'imagine à ce fujet, que du tems de Clovis III. fur fon origi- & de Childebert II. Rois des Francs, les Aquitaines & la Gascogne fecouerent le joug, & fe rendirent indépendantes de ceux-ci, s'élifant des Ducs & des Seigneurs pour les gouverner; que les Aquitains & les Vafcons qui avoient pris les Armes à cette occafion, entrerent par les Pyrénées en Espagne, où ils commirent de grandes hoftilités, & qu'Egiza aiant marché à leur rencontre, leur livra trois batailles, & fit tant qu'ils s'en retournerent à leurs Païs. Ma conjecture eft fondée fur ce qu'il ne paroît pas probable, que les Rois des Francs & leurs Maires du Palais, songeaffent à porter la guerre chez leurs voifins, pendant qu'ils étoient, fuivant les Hiftoires de France, fi occupés chez eux par des affaires qui les touchoient de plus près (B). Le Roi Egiza fe voïant déja dans un âge avancé, fongea en tendre à laiffer le Trône à fon fils Witiza. Il compere té avec Egiza. muniqua fes vûes aux Seigneurs & aux Grands du Roïau

698.

Witiza affocié à la Roïau

ERED EX

PAGNE.

734.

7353

736.

(A) ISIDORE de Badajoz, Ere 750.
(8) Don ALFONSE le Grand dans la

Chronique, d'où les autres l'ont tiré

me

ERE D'ES

PAGNE.

736.

737

738.

me, qui par reconnoiffance des obligations qu'on lui avoit,
fa fage & douce administration, n'eurent point de
pour
peine à y répondre d'une maniére fatisfaifante. Ainfi Witiza
fut déclaré Compagnon & Succeffeur de fon pere à la Cou-
ronne. Pour affûrer cette élection, & pour former Witiza
dans l'art de régner, Egiza donna à ce Prince le Gouver-
nement de toute l'Ancienne Galice, qui avoit composé le
Roïaume des Suéves. Witiza établit fa Cour à Tuy, parce
que la fituation de cette Ville lui parut agréable, & bâtit
dans ces Quartiers quelques Maifons de plaifance (A). Don
Alfonfe le Grand, place cet événement un an plûtôt *.

ANNE'E DE

J. C.

698.

699. Concile de Toléde,

Du tems des deux Rois, pere & fils, on célébra à Toléde un Concile, où préfida Felix Métropolitian de cette Ville. Il paroît que ce fut en cette année 699. parce que le motif pour confirpour lequel il fut convoqué, étoit fans doute la confirma- mer cette dif tion de l'élection de Witiza pour Succeffeur à la Couronne, pofition. & qu'il eft naturel de croire, que cette approbation fe donna dans cette année, qui étoit l'immédiate de celle de la nomination. Ses Actes font péris, de forte que l'on n'en a point d'autres Notices que celle-ci, dont on eft redevable à Ifidore de Badajoz, & à laquelle les Historiens Espagnols ont fait peu d'attention **.

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700. Mort de Fe

Felix Métropolitain de Toléde mourut avec la réputation d'un Prélat très-vertueux. Il a écrit la Vie de Saint Ju- lix de Toléde. lien son Prédéceffeur, laquelle est dans l'Appendice des Ecri- Gunderic fon vains ou Hommes Illuftres de Saint Ildefonfe. On éleva fur Succeffeur. le Siége vacant Gunderic, Personnage auffi refpectable pour fa vertu, que par fon fçavoir (B). Dans les Diptyques anciens des Evêques de Toléde, que l'on trouve dans le Manufcrit des Conciles qui a appartenu au Monaftére de Saint Milan, l'on marque Sifebut pour Succeffeur immédiat de Felix ; mais il y a lieu de croire que cet Evêque ne rem

(4) ISIDORE de Badajoz, & Don ALFONSE le Grand, d'après lefquels les autres ont raconté ce fait.

(B) ISIDORE de Badajoz.

*Il paroît que Mariana a embraffé cette opinion, lorfqu'il marque que Witiza fut affocié à la Couronne la dixième année du Régne de fon pere: le P. Péteau fuit aufli la même Chronologie, avec cette différence néanmoins, que ne mettant l'avénement Tome II.

d'Egiza au Trône qu'en 688. le cal-
cul des dix années que ce Prince ré-
gna feul, felon lui, eft affez difficile
à trouver; mais je crois avoir déja
prouvé, qu'au lieu de 688. il auroit
dû avoir mis 687. Voiez la Note qui
eft fous cette année.

** On peut dire que Mariana eft du
nombre de ces Hiftoriens, puifqu'il ne
parle point de ce Concile.

Fff

ANNE'E DE
J. C.

za.

700.

plit le Siége de Toléde que quelques jours, & que pour
cette raifon, Ifidore de Badajoz n'en parle point.

Egiza qui étoit accablé par le poids des années, mourut Mort d'Egi- dans le mois d'Octobre *, & fut enterré à Toléde. Ce Roi eut toujours beaucoup de piété & beaucoup de foin des Eglifes & de la Difcipline Fccléfiaftique. Îl foulagea le Peuple en modérant les Impôts, & il montra un zéle ardent pour la Religion Catholique, par les mouvemens qu'il fe donna pour extirper de fes Etats le Judaïfme & l'idolâtrie, dont il fubfiftoit encore quelques reftes parmi les gens groffiers & de la Campagne, & parmi les Efclaves. Quelques Ecrivains ont voulu ternir fa réputation, en publiant qu'il répudia fa femme, dès qu'il fut monté fur le Trône, en haine d'Ervige pere de cette Princeffe, & par le confeil de fon oncle Wamba; mais les Décrets des Conciles précédens, en faveur de la Reine & de fes enfans, prouvent le contraire. D'ailleurs, s'il eût réellement tenu cette conduite, les Peres de tant de Conciles célébrés fous fon Régne, ne l'en auroient-ils pas vraisemblablement repris, & ne l'auroient-ils pas follicité à vivre avec fa femme, conformément aux Loix du Mariage? Cependant il n'en eft pas dit le mot, d'où l'on peut conclure que ce reproche eft une calomnie, & l'effet de la négligence des Historiens à s'éclaircir de la vérité **.

de la onzième d'Egiza, & ainfi de fuite;
de forte qu'en fixant dans la dixième an-
née d'Egiza l'affociation de Witiza, &
dans la cinquième année de cette affo-
ciation la mort du premier, il a fait

bien entendues, ne forment que quatorze
années. En réfléchiffant fur cette obfer-

* Mariana lui fait pouffer fa carriére
jufqu'en Novembre de 701. à deffein,
fans doute de trouver les quinze années
de Régne qu'il lui donne. Cependant,
pour que fon calcul fût jufte, il fau-
droit au moins fuppofer qu'Egiza aïantufage de deux dates différentes, qui
été défigné & nommé Succeffeur d'Er-
vige par celui-ci le 14. Novembre de
687. comme il le marque, mourut levation, on conviendra que cela peut
14. ou le 15. Novembre de 701. ce
qui feroit quatorze ans avec un ou deux
jours de plus. Mais comment pouvoir
fe le perfuader, lorsqu'il affûre que Wi-
tiza fut facré le 15. de Novembre de
701. Car, quelle apparence que cette
cérémonie fe foit faite, avant que d'a-
voir donné la fépulture au Roi mort?
Peut-être objectera-t'on qu'il ne comp-
te à Egiza que quatorze années de Ré-
gne, parce que la première année de
Witiza affocié au Trône, courut avec
une partie de la dixiéme & une partie

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être; mais on fera toujours fondé à re-
procher à Mariana d'avoir induit en er-
reur par fon obfcurité plufieurs Sçavans,
& entre autres le P. Péteau, qui mar-
que qu'Egiza régna quinze ans, proba-
blement fur le récit de cet Hiftorien.

** Il fuit de ceci que Mariana a eu tort
de donner dans une pareille Fable, qui
doit être abfolument rejettée, fi l'on veut
rendre juftice à Egiza & à Wamba, deux
Rois également refpectables par les ver-
tus Chrétiennes & les vertus Morales
qu'ils poffedoient.

ERE D'ES
PAGNE.

738.

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