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POESIES.

ODE

SUR LA BATAILLE

DE LA MARSAILLE:

C

'EST parce que tu t'abbaiffes
Sous la grandeur du vrai Dieu,
Qu'à tes armes vangereffes,

LOUIS, tout cede en tout lieu,

C'est ce respect fi fidele,
Qui de ta gloire immortelle
Eft la caufe & le foûtien.
N'a-t-elle encor pû contraindre
Tes fiers Ennemis à craindre
Le bras d'un Dieu dans le tien ?

Que voi-je encor? Quelle poudre s Quel eft le bruit que j'entens a

Eft-ce quelque nouveau foudre,

Dont tu frappes ces Titans?
Voi-je pas près de Marfaille
Commencer une bataille ?
O moment tant demandé !
Que bientôt, avec ufure,
Ils nous vont payer l'injure
De Pignerol bombardé !

Nos frontieres en allarmes, Foibles, vuides de foldats, N'aguere, en proie à leurs armes, Sembloient livrer nos Etats. Quel prodige inconcevable

D'un fecours fi formidable

Couvre ces vaftes fillons?
Pour nous le Dieu de la guerre

Fait-il du fein de la terre

Sortir tant de bataillons?

35

De quelle noble affurance,

Sur d'impetueux courfiers,
Au travers des feux, s'élance
L'élite a de nos guerriers

2 Les Gendarmes.

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Qui de vous, Chefs de l'Empire,
En ce moment ne defire
Ces retranchemens honteux,
Où le Nekre de ses rives,

A vû vos Aigles craintives

Fuir, fe cacher devant eux

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Bataillons, files preffées,

Monts, foffez, foudres d'airain,
Moufquets, & piques baissées,
Leur font un obstacle vain.

Ce font des Lions qui percent,
Brisent, déchirent, difperfent,
Parcs, pasteurs, chiens, & troupeaux;
Ce font des torrens de fouffre,
Qui d'Etna quittant le gouffre,
Entraînent tout dans leurs eaux,

35

O troupe en Heros féconde,

Si Phœbus foûtient ma voix,

Par elle, aux deux bouts du monde, Retentiront tes exploits.

Mais déja toute l'armée,

De même ardeur enflammée,
Fait par tout le même effort.

Son 4 Chef court, anime, ordonne.

Devant lui marchent Bellone,
L'Effroi, le Trouble, & la Mort.

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O Ciel ! qui pourroit décrire,
Qui pourroit voir, fans effroi,
Ce qu'à nos troupes inspire
L'ardeur de plaire à leur Roi ?
Son image triomphante,
*A leurs yeux toûjours présente
Et fon nom feul fi puiflant,
Dont elles font animées,
Font voir que de ses armées

Jamais LOUISs n'est absent.

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Qui font ces b deux fiers Alcides,

Qui, comme deux tourbillons,

Dans leurs courfes fi rapides

Renverfent ces bataillons ?

Je reconnoi leur visage,
Aux éclairs qu'en leur paffage
Jette leur fabre autour d'eux :
Tels, aux campagnes Belgiques,

a Mr le Marefchal de Catinat.

b Mr le Duc de Vendôme, & Mr le Grand Prieur.

Sur les bandes Germaniques

On les vit fondre tous deux.

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Qu'apperçoi-je ? Dans la foule, D'un plomb a l'un d'eux eft percé. Ce n'est qu'à fon fang, qui coule, Qu'on connoît qu'il est bleffé. Il ne fent rien que la gloire, Que lui promet la Victoire; Et plus ardent à courir, Où la mort eft la plus feure, C'eft en vangeant sa bleffure,

Qu'il commence à la guerir.

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C'en eft fait, Ligue, & ta perte

S'augmente par tes efforts.

Je voi la plaine couverte

Des tiens, ou fuians, ou morts.
Le débris de tes cohortes,

De Turin gagnant les portes,
Y rejoint fes Chefs tremblans.
J'en voi d'autres, qui fans armes,
N'opposent plus que des farmes
Au bras des Vainqueurs fanglans.

a Mr le Grand Prieur.

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