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avoir trouvé la démonftration de la quarante-feptiéme propofition du premier Livre d'Euclide.

Nous ne devons pas oublier le Sacrifice d'Agrotere, où l'on immoloit cinq cens chevres tous les ans à Athenes, en l'honneur de Diane, furnommée Agrotere, foit de la ville Agros dans l'Attique, foit d'un furnom de cette Déeffe, qui lui fut donné, felon Rhodiginus, parce qu'elle étoit toujours dans les champs. Xenophon rapporte l'inftitution de ce Sacrifice, au vœu que firent les Atheniens d'immoler à cette Déeffe autant de chevres, qu'ils auroient tué de Perfes ; mais ils en firent un tel carnage, qu'il fut impoffible d'accomplir ce vœu à la lettre, ce qui les obligea à faire un Decret, par lequel ils s'engageoient d'immoler tous les ans cinq cens chevres en fon honneur; ce qu'ils continuoient encore du temps de cet Hiftorien.

Le Taurobole étoit un Sacrifice offert à la mere des Dieux. Ce Sacrifice ne paroît pas avoir été connu dans les premiers temps du Paganisme, puifque la plus ancienne Infcription qui en faffe mention, & qui eft celle qui fut trouvée à Lyon en 1704. dans la Montagne de Fourviere, nous apprend que ce Taurobole fut offert fous le regne de l'Empereur Antonin, l'an de Jefus-Christ 160. Il ne finit auffi que fort tard; la derniere Infcription qu'on en connoiffe, eft de l'Empire de Valentinien III.

Comme perfonne n'a mieux expliqué les céremonies du Taurobole que M. de Bofe, dans la Differtation qu'il fit fur l'Infcription de Lyon (1), j'y renvoye les Curieux, me contentant, pour en donner quelqu'idée, d'obferver que ce n'est gueres que par les Infcriptions qu'on connoît cette forte de Sacrifices, les Anciens, du moins ceux qui nous reftent, gardant fur cet article un profond filence; fi on en excepte Julius Firmicus, Auteur chrétien, Prudence, & peut-être Lampridius, qui parlant d'Heliogabale, dit qu'il étoit fi dévot à Cybele,qu'il recevoit le fang des taureaux qu'on immoloit à cette Déeffe. Ce Sacrifice étoit offert à Cybele pour confecration du Grand Prêtre, pour l'expiation des pechés, ou pour la fanté du Prince, ou de ceux qui l'offroient. C'é

la

Taurobole

(1) Mem. de l'Ac. des Bel

Lettr. T. 3

trouver une renaiffance fpirituelle, & dont le rit & les céremonies étoient differentes des autres Sacrifices. Mais comme le Poëte Prudence fait une description détaillée du Taurobole, nous allons donner, pour mettre nos Lecteurs au fait, une traduction de fes vers.

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» Pour confacrer le Grand Prêtre, dit-il, c'eft-à-dire, pour l'initier au Taurobole, on faifoit une grande foffe, dans laquelle il entroit, paré d'un habit extraordinaire, & por» tant une couronne d'or, avec une Toge de foye, ceinte à » la maniere des Sabins. Au deffus de la foffe, il y avoit une efpece de plancher, dont les planches mal jointes laiffoient plufieurs fentes, & outre cela, on les perçoit de plusieurs trous .. On amenoit enfuite un grand Taureau cou» ronné de feftons, portant fur les épaules des bandelettes » couvertes de fleurs, & ayant le front doré. On égorgeoit cette victime, enforte que le fang tout chaud, & à grands flots, couloit fur le plancher, lequel étant criblé de trous, » laiffoit tomber dans la foffe comme une pluye de fang, que le Prêtre recevoit fur la tête, fur fon corps, & fur fes habits. Non content de cela, il renverfoit aufli la tête pour rece» voir ce fang fur fon vifage, il en faifoit tomber fur l'une & l'autre joue, fur fes oreilles, fur fes lévres, fur fes na»rines: il ouvroit même la bouche, pour en arrofer sa langue » & en avaler. Lorsque la victime avoit rendu tout fon fang, on la retiroit, & le Grand Prêtre fortoit de la foffe. C'étoit » un fpectacle horrible que de le voir ainfi la tête couverte de fang, la barbe chargée de grumeaux, & tous fes habits fouillés. Cependant lorfqu'il paroiffoit, tout le monde le saluoit, & l'adoroit même fans ofer en approcher, le regar»dant comme un homme purifié & fanctifié ».

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Ceux qui avoient ainfi reçu le fang du Taurobole, portoient le plus long-temps qu'ils pouvoient leurs habits ainfi fouillés, comme une marque fenfible de leur regeneration.

2°. Ce n'étoit pas toujours pour les particuliers que fe faifoit le Taurobole: on en faifoit la ceremonie pour les Corps de Ville, pour des Provinces entieres, pour la profperité de 1'Empereur, &c. Quelquefois ces regenerations étoient pour vingt-ans; quelquefois enfin l'Archigalle, ou le Grand

Prêtre

Prêtre de Cybele, l'ordonnoit dans certaines occasions (a). 3°. Ce Sacrifice de regeneration n'exigeoit pas toujours qu'on immolât un Taureau: la victime étoit quelquefois un belier, & alors il fe nommoit Criobole. Quelquefois une chévre, & alors il portoit le nom d'Egibole, ou Egobole. Plufieurs Sçavans ne conviennent pas que cette derniere victime ait été employée dans les Tauroboles, mais feulement le taureau, & quelquefois le belier, lorfqu'on vouloit honorer Atys, favori de Cybele, à laquelle le Taurobole étoit uniquement confacré; quoique Duchoul, Cambden, Selden & quelques autres ayent cru qu'il s'offroit auffi à l'honneur de Diane.

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Finiffons ce Chapitre par quelques obfervations generales au fujet des formules de prieres qu'on y faifoit. Comme on croyoit que les Dieux eux-mêmes avoient dicté ces formules on les regardoit comme quelque chofe de fi effentiel, que celui qui étoit chargé de les prononcer, en oublioit ou tranfpofoit feulement quelque mot, on étoit perfuadé que le Sacrifice devenoit inutile. Auffi quand le Conful Decius fe devoua aux Dieux infernaux, & avec lui les Troupes ennemies, il avertit le Pontife Valere Maxime de prononcer exa&ement la formule prefcrite en cette occafion. Il y avoit même des hommes préposés pour prendre garde qu'on n'oubliât rien du Formulaire; & pour qu'ils puffent entendre celui qui le prononçoit, fans en perdre aucune parole, ils impofoient filence aux Affiftans. La plupart de ces formules, fi nous en croyons Jamblique (1), comme celle de la Theurgie, efpece de ma- (1) Des Myft. gie, dont on parlera dans la fuite, avoient d'abord été compofées en Langue Egyptienne, ou en Langue Chaldaïque. Les Grecs & les Romains en les traduifant y avoient laiffé beaucoup de mots de ces Langues étrangeres, ce qui les rendit souvent un langage barbare & inintelligible, mais toujours d'autant plus refpectable qu'il étoit plus inintelligible & plus barbare.

(a) Tout cela eft tiré des Inscriptions, & de la Differtation de Monfieur de Bose.

(1) Ea. L. 4

CHAPITRE XI.

Des Inftrumens dont on fe fervoit dans les Sacrifices & dans d'autres Čerémonies religieufes.

A

PRE's avoir traité des Sacrifices & des Victimes, je dois parler des Inftrumens facrés; mais comme il est difficile d'en faire bien entendre la defcription fans figures, les Lecteurs auront recours aux Antiquaires qui les ont fait graver.

Celui qu'on nommoit Acerra, étoit un coffret dans lequel on mettoit l'encens, à peu près comme nous en avons dans nos Eglifes; car ceux des Anciens, que le temps nous a confervés, & qu'on voit dans les cabinets des curieux, n'étoient pas tous faits fur le même modéle, ni de même metal. Ce coffret ou cette boëte de parfums, fe voit fouvent fur les Monumens anciens, entre les mains des Camilles, quelquefois entre celles des Vestales.

L'Encenfoir, ou Thuribulum, étoit connu des Anciens, mais on n'en voit aucune representation dans les Monumens. Les Grecs nommoient cet Inftrument Thymiaterion, & on voit bien quel en devoit être l'ufage.

à

Le Prefericule étoit un vafe qui contenoit la liqueur dont on se servoit dans les Libations. Le Difque, un baffin où l'on mettoit les viandes des victimes. L'Afperfoir, qui étoit peu près comme les notres, de crin de cheval, ou de quelqu'autre animal, avec un manche, fervoit pour les afperfions d'eau luftrale, qui étoit contenue dans un vafe, dont les monumens nous ont confervé quelque representation.

La Patere, étoit un inftrument ordinairement rond, un peu creux, & avec un manche. Elle fervoit à recevoir la liqueur qu'on y verfoit du vase, & à la repandre fur la victime; ce que Virgile explique très nettement :

Ipfa tenens dextrâ pateram pulcherrima Dido
Candentis vacca media inter cornua fudit (1).

La belle Didon tenant la patere de la main droite, la verfa entre les cornes de la Geniffe blanche. Cet inftrument, fait de differens metaux, avec quelques varietés pour fa forme, eft celui que le temps a le plus respecté, & il y a peu d'Antiquaires qui n'en ayent plufieurs.

Le Simpulum, qui approchoit affez par fa forme de la Patere, étoit une espece de cueiller, dont, felon Feftus, on se servoit dans les Sacrifices pour faire les Libations du vin. Pline (1) nomme cet inftrument Simpuvium, & dit qu'il y en avoit de terre cuite.

Le Bâton augural, qu'on appelloit Lituus, ainfi qu'une forte de trompette, étoit un peu recourbé par le bout, & les Augures, qui vouloient examiner le vol des oifeaux pour en tirer quelque préfage, le tenoient à la main: on le trouve communément fur les Monumens & fur les Medailles.

Le Maillet, malleus, fervoit pour affommer la victime, ainfi que la Hache; car on voit ces deux fortes d'inftrumens fur les bas-reliefs indifferemment entre les mains des Victimaires.

Le Secefpita, étoit un Coutelas qui fervoit à égorger la victime : il y en avoit de differentes formes, & même à guaîne. La definition qu'en donne Feftus eft jufte : c'étoit, dit-il, un couteau de fer, long, à manche rond & d'yvoire, orné au pommeau de bandes d'or & d'argent, dont les Flamines & les Pontifes fe fervoient pour facrifier.

Le Ligula, ou Lingula, étoit une efpece d'Efpatule dont fe fervoient les Harufpices pour fouiller dans les entrailles des victimes.

Le Candelabre étoit un chandelier à plufieurs branches, fur lequel on mettoit les torches qui brûloient pendant le Sacrifice.

Le Dolabre, un grand couteau qui fervoit à découper la victime (a).

L'Enclabrès, dont parle Miffon dans fon Voyage d'Italie, étoit la Table fur laquelle on pofoit la victime, pour en confiderer plus commodément les entrailles, & en tirer les augures.

(a) On en trouve la reprefentation dans le cinquiéme Tome des Memoires de l'Academie des Belles-Lettres.

(1) L. 35.

C. 12.

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