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Tretoutes s'en viendront sans faire les rétives...
Morguenne, que les rois ont de prérogatives!

SCÈNE VIII.

LE ROI, RIPAILLE, ZACORIN, GUILLOT.

RIPAILLE.

SEIGNEUR, que m'apprend-on, et qu'est-ce que je voi?
Vous voulez nous donner un paysan pour roi?
D'un si bizarre choix que pouvez-vous attendre?

GUILLOT.

Gardes, qu'on le saisisse, et qu'on me l'aille pendre.

ZACORIN.

Marchez.

RIPAILLE.

Comment?

GUILLOT.

Oh dame! on m'obéit ici.

Ce ne sont pas des jeux d'enfants que tout ceci;
Apprenez qu'à présent je suis votre monarque.

LE ROI.

Sire, à votre pouvoir il manquoit cette marque.
Tenez, vous,
mettez-lui ce diamant au doigt.

RIPAILLE.

Non, non, ne croyez pas que jamais cela soit.
Je garde cette bague, et ma main ne la donne
Qu'au prince à qui l'État remettra la couronne
LE ROI, dans son bon sens

Dites-moi, dans ces lieux qui vous assemble tous?
Quel dessein est le vôtre? et que demandez-vous?
On ne me répond point, il semble que l'on craigne.
Que fais-tu là, maraud, sur mon tróne?

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Que tout ce que je vois m'étourdit et m'étonne!
Quoi! mon manteau royal, mon sceptre, ma couronne?
Ripaille, vous plaît-il de m'éclaircir ceci?

RIPAILLE.

Apparemment, seigneur, cela vous plaît ainsi.

LE ROI.

Ils ont perdu l'esprit. Approchez-vous, Bombance.

SCENE IX.

LE ROI, BOMBANCE, RIPAILLE, ZACORIN,

GUILLOT.

BOMBANCE.

MON roi, dans cet état que faut-il que je pense?
Un autre revêtu du souverain pouvoir!

LE ROI.

Ma foi, je le demande, et ne le puis savoir.

GUILLOT.

Paix-là, messieurs, paix-là, s'il vous plaît, qu'on se taise, Et qu'on me laisse ici régner tout à mon aise.

BOMBANCE,

Je vois qu'ici chacun extravague à son tour,
C'est un sort que l'on a jeté sur votre cour.

LE ROI.

Comment un sort?

RIPAILLE.

Seigneur, permettez-moi de dire

Que vous m'avez paru deux fois dans le délire,
Et que tantôt Lucelle, à tous vos courtisans,
A tenu des discours dépourvus de bon sens.

BOMBANCE.

Il faut approfondir..... Au diable la musique!
(On entend des violons.)

C'est bien prendre son temps, quand un pouvoir magique...
GUILLOT, se réveillant en sursaut, tombe du trône en
bas, et les renverse tous.
Place, place, voilà le roi qui va passer.

LE ROI.

Peste soit du lourdaud qui me vient fracasser!
Je crois que j'en serai du moins pour une côte.

GUILLOT.

Je suis un roi de poids, mais ce n'est pas ma faute;
Ces maudits violons m'ont réveillé d'abord:
Je suis fâché pourtant d'être tombé si fort.

BOMBANCE.

Qui pourra nous tirer de ce désordre extrême,
Et donner un remède à tout ceci?

SCÈNE X.

LE ROI, BOMBANCE, RIPAILLE, ALQUIF, PHILANDRE, ZACORIN, GUILLOT.

ALQUIF.

MOI-MÊME;

Mais il faut que le roi renonce à son amour,
Ou vous deviendrez tous insensés dans ce jour.

BOMBANCE.

Sire, il faut étouffer votre ardeur pour Lucelle.

LE ROI.

Bon, il n'en reste pas dans mon cœur étincelle;

s'il vous plaît,

Mais que fait mon amour,

ALQUIF.

ceci?

Seigneur, vous en serez dans l'instant éclairci.
Un génie amoureux de la belle Lucelle
Est devenu jaloux de votre amour pour elle,
Et par un trait malin s'en est voulu venger,
Appliquant tous ses soins à vous faire enrager.

LE ROI.

Mais parbleu ce génie a bien peu de cervelle!
Que ne s'en prenoit-il à l'amant de Lucelle?
Mais à vous, qui vous a révélé tout cela?

Les enfers.

ALQUIF.

LE ROI.

Les enfers! C'est comme à l'Opéra.

BOMBANCE.

Vous connoissez quelqu'un dans ce pays, sans doute?

ALQUIF.

Oh! ce sont des secrets où vous ne voyez goutte.

Il suffit que je veux être de vos amis:

Qu'en son premier état ici tout soit remis,
Que l'on n'y parle plus que de réjouissance:
Reprenez votre bague avec votre puissance,

Mais pour en mieux user; et que ces deux amants
Trouvent dans votre cour la fin de leurs tourments.
RIPAILLE.

Et cette bague-ci?

ALQUIF.

C'est un autre mystère;

Nous prendrons notre temps pour vous conter l'affaire. (Ici on ote à Guillot ses ornements royaux pour les remettre au roi.)

GUILLOT.

Mais je veux régner, moi.

ALQUIF.

Tu seras plus heureux

En vivant avec nous en bourgeois de ces lieux.

LE ROI.

Vous y pouvez tous vivre à votre fantaisie,
Heureux de n'avoir plus amour ni jalousie,
Je fais tout mon plaisir d'unir ces deux amants:
Que tout s'accorde ici pour leurs contentements.

ZACORIN.

C'est bien parler cela, ce doux retour me gagne.
Eh! vive le pays et le ROI DE COCAGNE!

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