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corps

deux corps où fe fait le choc, fe meuvent dans deux fens contraires. Mais ces refforts ne feroient pas parfaits en promptitude, s'il leur falloit feulement deux inftans pour fe débander; parce que l'on pourroit concevoir d'autres dont le choc ne dureroit en tout I que deux inftans. Ces refforts n'auroient donc pas la plus grande perfection qu'il feroit poffible de concevoir. Il est donc évident que le choc de deux corps à refforts parfaits en force & en promptitude, ne doit durer en tout que deux inftans. Donc la matiere fubtile doit en fortir & y rentrer en deux inftans. Donc elle doit y couler pendant le choc avec une promptitude infinie. Donc elle eft infiniment fluide; puifqu'une matiere infiniment fluide ne pourroit pas couler avec plus de promptitude. Donc pour réfoudre la queftion propofée, il falloit répondre fans balancer, comme je l'ai fait, que la matiere qui cauferoit les refforts parfaits, feroit infiniment fluide.

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Les refforts qui font dans la Na

FAifons maintenant une attention plus particuliere à l'état de la queftion que nous examinons, & aux vûës generales de l'Academie dans les queftions qu'elle pro- ture, font propose. Ses vûës generales * regardent l'Aftronomie-Phy- duits par un fique ; & dans notre question même, elle demande l'ex- fluide que l'on plication d'une cause physique. Elle fouhaite donc que peut supposer fans negliger les idées Metaphyfiques, on s'attache prin- parfait. cipalement à confiderer la nature telle qu'elle eft en V.L'annonce effet.

des Prix de

Je conviens qu'il n'y a dans la Nature aucun reffort l'Academie, infiniment prompt, en prenant ce mot infiniment dans toute la rigueur Mathematique ; & même il ne me paroît pas difficile de le prouver. Auffi ce n'est pas dans ce fens que je dis ici, & que j'ai dit ailleurs, que la *V. Loix du matiere fubtile eft infiniment fluide, ou qu'elle eft choc. Art. 17. fluide parfait. Mais je dis que fa fluidité approche indéfiniment de la perfection ; & qu'en confequence pour pouvoir raisonner avec quelque jufteffe sur les effets na

un

IV.

La matiere

fubtile eft homogone & également fluide dans

turels, & pour en découvrir les causes, il doit être permis à un Phyficien de la fuppofer infiniment fluide. Je dis qu'elle eft indéfiniment plus fluide que l'Air & que toutes les autres matieres fluides qui nous font connuës: Je le dis, & je crois l'avoir suffisamment prouvé ; les reflexions que les Lecteurs auront faites fans doute, en lifant l'Article premier de ce Chapitre, fuffiront pour les convaincre de cette verité.

Nous pouvons donc fuppofer que le rapport de la fluidité de l'Eau, par exemple, à celle de l'Ether, est si petit, qu'il doit être permis de le regarder comme nul, parce qu'il eft infenfible; quoiqu'il foit réel, & auffi réel que le rapport d'un grain de fable à la Terre. Dieu le connoît, parce qu'il connoît le rapport exact de toutes les grandeurs & de toutes les perfections des êtres qu'il a créez, & qu'il conferve par fa Toute-puiffance, & par les loix immuables de fa Sageffe infinie. Le rapport de la Aluidité de l'Eau à celle de l'Ether, pourroit être exprimé par une fraction dont le numerateur feroit l'unité, ou un nombre quelconque, & le dénominateur un trèsgrand nombre, qui feroit, par exemple, de cent chifres écrits tout de fuite, ou de mille chifres, de dix mille chifres, &c. Dieu, fans aucun doute, connoît le nombre que ces chifres expriment ; l'efprit humain qui est trèsborné, ne le connoît pas, & il tenteroit envain de le vouloir connoître ; il doit le regarder comme infiniment grand, quoiqu'il foit fini en lui-même: Que dis-je? quoiqu'il foit infiniment petit par rapport au nombre in fini des connoiffances de Dieu, & des fiecles de fon éternelle durée.

MAis, dira-t-on, fi la matiere subtile est infiniment fluide, comme je le prétends; celle qui eft renfermée dans un ballon, fera auffi fluide que celle qui eft renfermée dans une boule folide de verre. Pourquoi donc celle tous les corps, ci produit-elle un reffort plus prompt que celle-là ? quoiqu'elle n'y Je réponds, que c'eft principalement parce que dans

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un ballon la double action de la matiere fubtile (je veux produife pas des dire, fa fortie & fa rentrée dans les deux tems du choc) refforts égaleeft nécessairement retardée de quelques inftans par di- ment prompts. vers mouvemens que le choc cause entre les corpufcules d'Air qui font renfermez dans le ballon, & qui par leur fluidité changent fenfiblement de fituations refpeatives. Au lieu que la double action de la matiere fubtile, n'eft pas fenfiblement retardée dans une boule de verre, par le mouvement de fes parties propres, puifqu' elles ne fe feparent pas les unes des autres, & que leurs fituations refpectives demeurent fenfiblement les mê

mes.

En general, & toutes chofes étant d'ailleurs égales, les corps ont des refforts plus ou moins prompts, à proportion qu'ils ont plus ou moins de confiftance. Cependant la matiere qui les produit tous, eft homogene & infiniment fluide, puifqu'elle communique à une matiere fubtile, homogene & infiniment fluide.

Si je vois une éponge plongée dans de l'eau, j'ai tout lieu de penfer que l'eau qui remplit les vuides de cette éponge, & celle qui l'environne, font deux matieres homogenes; parce que celle-la communique à celle-ci ; qu'elle en fort fi je preffe l'éponge entre mes mains, & qu'elle y rentre dès que je ceffe de la preffer. De même lorfque je preffe un ballon entre mes mains, il en fort de la matiere fubtile, & il y en rentre lorfque je ceffe de le preffer. N'ai-je pas tout lieu de conclure que la matiere fubtile qui eft dans le ballon, & celle qui l'environne, font homogenes?

Maintenant fi je mets une boule folide de verre, à la place qu'occupoit le ballon, la matiere fubtile qui eft dans cette boule, ne communiquera-t-elle pas de la même maniere à la matiere fubtile du dehors ? & ne dois-je pas encore conclure que la matiere fubtile de la boule de verre, eft de même nature que celle qui l'environne ; qu'elle eft par confequent de même nature que celle qui eft dans le ballon & dans tous les autres corps; en un

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V.

l'U

mot, que toute la matiere fubtile, qui remplit les efpaces
vuides de corps groffiers, eft homogene: Donc elle est
également fluide dans tous les corps. Je ne dis pas qu'elle
y coule également, mais qu'elle y peut couler égale-
ment. Donc fi on m'accorde qu'il y ait dans l'Univers
un feul
où elle foit indéfiniment fluide (& peut-
on raisonnablement me le contester ? ) j'en conclurai sans
aucune peine, que cette matiere eft indéfiniment fluide
dans tous les corps ; & qu'en confequence il doit être
permis de la fuppofer infiniment fluide.

corps

C'Eft-à-dire, en termes équivalens, que la matiere Elle ne doit fubtile a la facilité de couler dans tous les corps avec laiffer aucun vuide dans PV. toute la promptitude qui eft nécessaire, afin que dans les nivers, ni faire changemens qui leurs furviennent, elle puiffe n'y laiffer aucune refiftan- aucun vuide, & en remplir exactement les moindres pores. C'est-à-dire, qu'allant toujours vers où elle eft pouffée, & à proportion qu'elle eft plus pouffée, elle doit ceder fans aucune résistance, aux impreffions des autres corps. Je dis fans aucune résistance, & dans la rigueur je devrois dire, avec une réfiftance indéfiniment petite, & que l'on peut en confequence confiderer com me infiniment petite, ou comme nulle, par rapport aux résistances des autres fluides.

V I.

L'Air du dehors entre dans une chambre, & en fort par la fenêtre, lorfqu'elle eft ouverte, ou qu'elle n'eft fermée que d'un treillis de fil d'archal. Mais l'Air n'est pas affez fluide pour paffer au travers des vîtres de cette fenêtre. La matiere fubtile traverse fans aucune peine, & les vîtres & les murailles de la chambre ; elle y paffe avec plus de facilité, que l'Air ne paffe par l'ouverture de la fenêtre.

Elle eft compo- IL s'enfuit que les corpufcules de la matiere fubtile doifée de corpufcu- vent être indéfiniment petits ; qu'ils ne peuvent avoir les indéfiniment de dureté que par la compreffion de ceux qui les envi petits & divifibles à l'infini. ronnent, & qu'ils peuvent encore, fuivant les differens

befoins,

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befoins, être divisez & fub-divisez avec une très-grande
facilité en d'autres corpufcules plus petits, & cela à
l'infini.

Je fuppofe ici, & dans les Loix du choc *, que la ma- * Art. 20
tiere eft divifible à l'infini. Et comment ne le fuppofe-
rois-je pas ? c'est une verité fur laquelle les Philofophes
les plus illuftres, tant anciens que modernes, fe trouvent
réunis, & qui ne dépend en effet que des premieres no-
tions des corps naturels. C'est le premier pas qu'il faut
faire en Phyfique. Je n'entreprendrai point de le facili-
ter à ceux qui ne l'ont pas encore franchi; & je de-
clare que je
je n'écris pas pour ces personnes qui s'arrê-
tant à chicanner fur les chofes les plus claires & les plus
inconteftables, s'obstinent contre l'évidence même à
vouloir admettre dans la nature des atômes ou des points
enflez ; en un mot qui ne voudroient pas reconnoître,
ou au moins fuppofer avec moi, la divifibilité de la ma-
tiere à l'infini.

C

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