HISTOIRE ABREGÉE DE LA VILLE DE PARIS. PREMIERE PARTIE. A VANT d'entrer dans le détail de la Defcription de Paris, il eft à propos de tracer une idée générale de cette grande Ville & de la forme de fon Gouvernement. Ces deux objets formeront deux parties: la premiere contiendra une Hiftoire abregée de cette Capitale depuis fes commencemens Dans la feconde on parlera du Gou yernement qui lui eft propre. Tome I. connus. € nu, > On entreprendroit en vain de répan- '. dre quelque lumiere fur les premiers › commencemens de cette Ville fon origine fe perd dans les ténèbres de l'Antiquité. Tout ce que l'on fait c'eft que Lutéce eft fon premier nom con& Parifii celui du Peuple dont elle étoit la Capitale. Les Savans fe font épuifés en conjectures pour trouver l'étymologie de ces deux mots, mais jufqu'à préfent on n'a rien propofé de fatisfaifant à cet égard. On avoit trouvé quelque vraisemblance dans l'opinion de ceux qui dérivoient Lutèce de Lutum, Boüe à caufe des marécages qui rendoient cette Ville extrêmement fangeufe; & Parifii du Grec apa odos près d'Ifis à caufe d'un Temple de cette Déeffe, que l'on augure avoir exifté dans l'endroit où eft aujourd'hui le village d'Iffi: mais en examinant ces conjectures avec un peu de critique, on n'a pas tardé à reconnoître combien peu elles étoient fondées. Il est certain que la langue Latine & le culte d'lfis n'ont été connus dans les Gaules qu'après l'arrivée des Romains dans ce Pays. Il est également certain que Lutéce & Parifii étoient des noms connus bien auparavant que ces Conquérans du monde euffent pénétré dans les Gaules: on ne peut donc pas tirer l'origine de ces noms, ni du Latin qui n'étoit pas connu, ni du culte d'Ifis qui n'exiftoit pas. Premi C'eft à la nature & au choix des prePlan de miers habitans de Lutèce, qu'elle dut fa Lutèce. premiere clôture. Lorfque Cefar vint dans les Gaules, cette Ville aujourd'hui si vaste & fi fuperbe, ne s'étendoit pas au-delà de l'Ifle qu'on nomme la Cité ou l'Ifle du Palais. Elle étoit abfolument renfermée entre les deux bras de la Seine qui la forment, & n'avoit que quelques maisons éparfes, ce qui fait que l'Empereur Julien & Zozime, lorfqu'ils parlent de Lutèce, fe fervent du mot grec oxix qui fignifie une petite Ville; & qu'Ammien Marcellin ne la qualifie que de Caftellum Parifiorum, le Château ou la Fortereffe des Parifiens. Nous fommes peu inftruits de la construction des maifons de Lutèce nous favons en général qu'elles étoient petites & rondes, fans cheminées, bâties de bois & de terre, & couvertes de paille & de rofeaux. Les Romains furent appellés dans les Gaules par les Gaulois mêmes, qui de manderent leur fecours, tant pour réprimer l'ambition de ceux de leurs compatriotes qui afpiroient à la domination univerfelle, que pour les défendre contre ceux de leurs voifins qui, profitant de la divifion qui regnoit parmi eux, auroient pû envahir leur pays. Les Romains les défendirent en effet contre ces deux fortes d'ennemis, mais ils fe firent de cette protection un titre pour les fubjuguer. Les Gaulois s'apperçurent bientôt qu'ils étoient tombés fous une domination plus dure que celle qu'ils craignoient, & firent d'inutiles efforts pour en fecouer le joug. Céfar ayant connu l'importance don:étoit Lutéce pour fes deffeins, y tranfera l'affemblée générale qu'il avoit convoquée aux environs de Chartres, & par-là tint en respect ceux de Sens pendant quel que tems; mais ayant été obligé de repaffer en Italie, toutes les Gaules tenterent auffi-tôt de fecouer le joug de la domination des Romains. Céfar y accourut, & pendant qu'il faifoit le fiege de Gergovie, il détacha Labienus, un de fes Généraux, pour aller affiéger Lutèce, Celui-ci ayant fait fes approches & reconnu la Place, trouva cette entreprise au-deffus de fes forces: il décampa à la faveur de la nuit, & alla faire le fiege de Melun dont il fe rendit maî e. Enfuite ayant reçu un renfort confi |