ne une prononciation agréable, un gefte libre, un air engageant qui prévient les efprits en fa faveur avant qu'il ait commencé à parler: une éloquence naturelle, qui plaît d'autant plus qu'il y a moins d'arr; une facifité merveilleufe pour bien tourner un fait; une heureufe abondance de paroles & de raifons qui charment & entraînent l'auditeur. On dit là qu'il joint la douceur & la force enfemble; qu'il eft égal dans fon ftile, modefte dans fes figures, & correct dans fes pensées; qu'il évite les façons de parler faftueufes & ampoullées, les ornemens recherchés, & ces faux brillans dont quelques-uns tâchent d'éblouir le peuple; mais que fon difcours toujours clair & toûjours coulant ne rampe jamais. On ajoûte qu'il s'infinue dans les efprits par la beauté de fon langage & par la netteté de fes raifonnemens; mais qu'il fçait émouvoir les paffions à propos, & qu'il fe rend aifément maître des cœurs: qu'au refte, il fe renferme toûjours dans les bornes de la droite raifon; qu'il s'élève fans emportement, & s'abbaiffe avec di gnité. On dit enfin que ce grand homme, outre les qualités propres pour le Bareau, a encore celles qui font néceffaires pour la fociété ; qu'il eft honnête, facile, obligeant, defintéreffé; qu'il aime la joie, & que les affaires ne l'empêchent pas d'être gai & enjoué avec les amis. On pouvoit ajoûter, repliqua Philanthe, qu'il avoit non feulement une probité exacte, mais une piété folide; qu'étant convaincu des vérités de la Religion, il en rempliffoit réguliérement tous les devoirs, & qu'il réuniffoit en fa perfonne le véritable Chrétien avec le parfait homme d'honneur. Mais, reprit Eudoxe, ce qu'a dit de lui un grand Magistrat dans une très-belle Harangue, eft peut-être l'éloge le plus achevé qu'on en puiffe faire. Il s'agiffoit de la Religion que ce Magiftrat propofoit aux Avocats » pour régle de leur conduite. Quels exemples, leur dit-il, ne vous a pas » donné celui de vos Confreres que la » mort nous a enlevé il y a quelques » mois ? La bonté de fes mœurs, la beauté de fon génie, l'agrément de ນ défen- « c fon efprit, fa religion envers fes " cliens, mais encore plus la juftice le faifoient rechercher pour feur de toutes les caufes importantes; « & les Juges n'avoient pas moins de « plaifir à l'entendre, que les parties avoient de confiance en leur droit, « quand il étoit foûtenu par un tel « Avocat. Voilà en peu de mots un panégyrique entier, & d'autant plus beau que le témoignage de celui qui parloit, fi authentique de lui-même, fut confirmé par un applaudiffement univerfel. Il eft vrai, repartit Philanthe, qu'il n'y a jamais eu qu'une voix fur le mérite de notre illuftre défunt; & que ceux mêmes qui devoient naturellement lui porter envie, lui ont toûjours fait juftice. Dites, repliqua Eudoxe, que fon bon cœur & fes maniéres civiles ont obligé tout le monde de l'aimer, & qu'il n'a pas moins été l'ornement que les délices du Bareau. Nous ne finitions jamais fur ce chapitre, dit Philanthe, finous nous laiffions aller à nos fentimens. Il faut șependant finir, & il faut même que je vous quitte pour une affaire qui me rape le néceffairement. Après ces paroles, Philanthe ayant pris congé de fon Ami, s'en retourna à la ville, fort fatisfait de fa vifire, & bien réfolu de fe déclarer par tour pour le bon fens contre le faux bel efprit. FIN. 666 493 A Chille comparé avec un Lion, & pris temneftre dit à Achille au fujet d'Iphi génie, 273. Ce qu'Achille répond à Achillini. Poëte Italien: fa pensée sur le Affectation. C'eft le pire de tous les vices. de l'Eloquence, & pourquoi, 281. Elle n'eft pas toute dans l'Elocution, ibid. Divers exemples d'affectation dans la penfée, 281. fuiv. D'où vient l'affec tation qui regarde les penfées, 289. Ce que c'eft qu'affectation, 295. Agrément. En quoi confifte l'agrément des penfées & d'où il vient, 160. & suiv. L'agrément joint à la trifteffe dans quel- ques penfées, 187. 188. Voyez Pensées Alexandre. La pensée d'un Hiftorien Grec |