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au moins de la connoiffance de ces fecrets. Il n'y avoit donc d'autre reffource que celle des hiéroglyphes, des fymboles, des allégories, des fables, &c. qui étant fufceptibles de plufieurs explications différentes, pouvoient fervir à donner le change, & à inftruire les uns, pendant que les autres demeureroient dans l'ignorance. C'est le parti que prit Hermès, & après lui tous les Philofophes Hermétiques du monde. Ils amufoient Je Peuple par des fables, dit Origene, & ces fables, avec les noms des Dieux du pays, fervoient de voile à leur Philofophie,

Ces hiéroglyphes, ces fables préfentoient aux yeux des Philofophes, & de ceux qu'ils inftruifoient pout être initiés dans leurs mysteres, la théorie de leur Art facerdotal, & aux autres diverfes branches de la Philofophie, que les Grecs puiferent chez les Egyptiens.

Les ufages, les modes, les caracteres, quelquefois même la façon de penfer varient suivant les pays. Les Philofophes des Indes, ceux de l'Europe inventerent des hiéroglyphes & des fabies à leur fantaisie, toujours cependant pour le même objet. On écrivit fur cette matiere dans la fuite des temps, mais dans un fyftême énigmatique; & ces ouvrages, quoique compofés en langues connues, deviennent auffi intelligibles que les hieroglyphes mêmes. L'affectation d'y rappeler les fables anciennes, en a fait découvrir l'ob jet; & c'est ce qui m'a engagé à les expliquer

fuivant leurs principes. On les trouve affez développés dans leurs livres, quand on veut les étudier avec une attention opiniâtre, & qu'on a affez de courage pour vouloir fe donner la peine de les combiner, de les rapprocher les uns des autres. Ils n'indiquent la matiere de leur Art que par fes propriétés, jamais par le nom propre fous lequel elle eft connue. Quant aux opérations requifes pour la mettre en œuvre philofophiquement, ils ne les ont pas cachées fous le fceau d'un fecret impénétrable; ils n'ont point fait de myftere des couleurs ou fignes démonftratifs qui fe fuccedent dans tout le cours des opérations. C'eft ce qui leur a fourni particulierement la matiere à imaginer, à feindre les perfonnages des Dieux & des Héros de la Fable, & les actions qu'on leur attribue; on en jugera par la lecture de cet Ouvrage. Chaque chapitre eft une efpece de differtation, ce qui lui ôre beaucoup d'agrémens, & l'empêche d'être aufli amufant que la matiere fembloit le potter. Je ne me fuis pas propofé d'écrire des fables, mais d'expliquer celles qui font connues. On verra dans le Difcours préliminaire les raifons qui m'ont déterminé à mettre en tête des principes généraux de Phyfique, & un Traité de Philofophie Hermétique. Il étoit indifpenfable de mettre par-là le Lecteur au fait de la marche,

du langage des Philofophes, dès que je me propofois de le faire entrer dans leurs idées. Il y verra les énigmes, les allégories, les métaphores dont leurs écrits fourmillent. S'il en defire une explication plus détaillée, il peut avoir recours

au Dictionnaire Mytho-Hermétique, que j'ai mis au jour en même temps..

On demande fi la Philofophie Hermétique eft une science, un art, ou un pur être de raison? Le préjugé tient pour ce dernier; mais le préjugé ne fait pas preuve. Le Lecteur fans prévention fe décidera après la lecture réfléchie de ce Traité, comme bon lui femblera. On peut fans honte. rifquer de fe tromper avec tant de Savans, qui dans tous les temps ont combattu ce préjugé. N'auroit-on pas plus à rougir de combattre avec mépris la Philofophie Hermétique fans la connoître, que d'en admettre la poffibilité ti bien fondée fur la raifon, & même l'exiftence fur les preuves rapportées par un fi grand nombre d'Auteurs, dont la bonne foi n'eft pas fufpecte? Au moins ne peut-on raifonnablement contefter que l'idée d'une médecine univerfelle, & celle de la tranfmutation des métaux, n'aient été affez flatteufes pour échauffer l'imagination d'un homme, & lui faire enfanter des fables pour expliquer ce qu'il en penfoit. Orphée, Homere, & les plus anciens Auteurs parlent d'une médecine qui guérit tous les maux; ils en font mention d'une maniere fi pofitive, qu'ils ne laiffent aucun doute fur fon existence. Cette idée s'eft perpétuée jufqu'à nous les circonftances des fables fe combinent, s'ajuftent avec les couleurs, & les opérations dont parlent les Philofophes, s'expliquent même par-là d'une maniere plus vraifemblable que dans aucun autre fyftême: qu'exi

gera-t-on de plus? Sans doute une démonftration; c'eft aux Philofophes Hermétiques à prendre ce moyen de convaincre les incrédules; & je ne le fuis pas.

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