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ECCLÉSIASTIQUE,

POUR fervir de continuation à celle de Monfieur l'Abbé

Claude

FLEURY.

By Jean Claude Fabre.

TOME VINGT-UNIÉME.

Depuis l'an 1401, jusqu'en 1431.
SECONDE PARTIE.

5. A PARIS,

P. G. LE MERCIER, rue S. Jacques, au Livre d'Or.

DESAINT & SAILLANT, ruë S. Jean de Beauvais.

Chez JEAN-THOMAS HERISSANT, ruë S. Jacques, à S. Paul, & à S. Hilaire.
DURAND, ruë S. Jacques, au Griffon.

LE PRIEUR, ruë Saint Jacques, à la Croix d'Or.

M. D C C. L I.

Avec Approbation & Privilege du Roy.

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C

PREFACE.

OMME il n'y a perfonne qui ne convienne de l'utilité de l'étude de l'histoire eccléfiaftique, & des avantages qu'on en peut tirer; je n'entreprendrai point ici d'en faire l'éloge; je me contenterai seulement de repéter après M. l'abbé Fleury, que rien n'eft plus propre à nous confirmer dans la foi, que de voir la même doctrine qu'on nous enfeigne aujourd'hui, enfeignée dès le commencement par les apôtres, fcellées par le fang d'une infinité de martyrs, & confirmée par tant de miracles; que de trouver encore dans la conduite des faints, des éxemples qui nous font connoître en quoi confifte la folide pieté, & qui détruifent les faux prétextes fur lesquels nous croïons bien fondez nos relâchemens, en montrant que la perfection chrétienne eft poffible, puifque Jesus-Chrift l'a enseignée, & que les faints l'ont effectivement pratiquée.

Jajoûterai que le but de l'hiftoire tend encore à former des hommes raisonnables, nez pour la focieté, en leur mettant devant les yeux les défauts de ceux dont on décrit la conduite, afin qu'ils en profitent. Ainfi lire l'hiftoire, ce n'eft pas charger fa mémoire d'un grand nombre de dattes de noms & d'évenemens; beaucoup de gens fe croient habiles en ce genre, pourvû qu'ils puiffent feulement redire ce qu'ils ont lû ou entendu dire, & penfent dés-lors qu'ils peuvent paffer pour fçavans. Le véritable ufage de cette étude eft plûtôt de connoître les hommes, & d'en juger fainement; d'étudier leurs motifs, leurs opinions, leurs paffions, pour en découvrir tous les refforts, les tours & les détours, les illufions qu'elles font à refprit, & les furprises qu'elles font au cœur ; c'eft de réfléchir naturellement & fans art fur ce qu'on y trouve de plus remarquable, afin que la lecture qu'on en fait puiffe nous rendre raisonnables & chrétiens; qualitez qui font inféparables, quand il s'agît de la vraie probité.

En effet, que fert-il de fçavoir en géneral que les hommes font & vicieux & vertueux, qu'ils font fujets à beaucoup de paffions & à de fort grands défauts, que les uns par le fecours de la grace les ont corrigez, que d'autres ont perfeveré & font morts dans leurs défordres fi cette connoiffance ne nous donne pas un moyen de ne point reffembler à ceux-ci, & d'imiter ceux-là; & ce moyen ne peut être que

M. Fleury dife premier.

d'étudier toutes les manieres don't on peut tomber dans ces vices dont on y tombe ordinairement, & dont on fe releve en homme chrétien. Or, il n'y a que l'hiftoire eccléfiaftique qui puisse nous fournir la matiere de cette étude. Ce n'eft que dans ce grand nombre d'actions différentes qu'elle reprefente, & qui viennent prefque toutes, ou de ces défauts, ou de la vraie vertu, qu'on doit s'exercer à reconnoître toutes les espèces d'actions ou louables ou ɓlâmables, qui font à imiter ou à fuir. C'est-là qu'en confiderant la qualité, l'âge & l'interêt des perfonnes qui ont fait ces actions ce qui les a precedé, & se qui les a fuivi, la conjoncture du temps & du lieu; enfin, toutes les autres circonftances même les plus legeres, que les bons hiftoriens rapportent fi foigneufement dans les occafions fingulieres ; c'est à la faveur de ces diverfes lumieres, qu'on peut en reflechiffant fur toutes ces chofes avec ordre, pénetrer les fecrets des cœurs, reconnoître dans quel efprit on a agi en ces rencontres, & en förmer un jugement clair & certain. Ce font-là les premieres idées que M. l'abbé Fleury a euës, en écrivant l'hiftoire des quatorze premiers ficcles de l'Eglife; & ce font auffi celles que je me propofe de fuivre en la continuant quoique je ne fçache que trop l'extrême différence qui fe trouvera en tre ce qu'il a fait, & ce que je puis faire. Avant que de rendre compre de mon travail, je dois à la memoire de M. Fleury, rappeller aux. yeux du public les principaux traits de fa vic.

Monfieur l'abbé Fleury étoit Parifien, fils d'un avocat originaire de Rouen, & vint au monde le 6 Decembre 1640. Il fut d'abord def tiné au barreau, qu'il frequenta pendant neuf ans, donnant toute fon application à l'étude de la jurifprudence & des belles lettres; mais une inclination naturelle pour un genre de vie plus tranquille, lui fit quitter cette profeffion, pour paffer à celle de l'état eccléfiastique, dans lequel il reçût l'ordre de prêtrife. Dès-lors, fon devoir lui fit tourner fes principales études du côté de la théologie, de l'écriture fainte, de l'hiftoire eccléfiaftique, du droit canonique, & des faints peres; il fe renferma dans ces feules fciences, perfuadé qu'une érudition plus par tagée, en donnant plus d'étendue à l'efprit, le rend auffi moins profond. En 1672. il fut choisi pour être précepteur des princes de Conti , que le roi faifoit élever auprès de monfeigneur le dauphin son fils. La fidelité avec laquelle il remplît fes devoirs, lui procura un autre éleve. En 1680. ou lui confia la conduite du prince de Vermandois amiral de France, aprés la mort duquel le roi le nomma en 1684. à l'abbaïe de Loc-Dieu, ordre de Cîtaux, diocèfe de Rhodez ; & cinq ans après, c'est-à-dire, en 1689. Louis XIV. jetta les yeux fur lui pour le faire fous-précepteur des ducs de Bourgogne, d'Anjou, aujourd'hui roi d'Espagne, & de Berry fes petits-fils. Enfin, l'Acade

mie Françoife le choifit auffi en 1696. pour être un de fes membres; an choix fi jufte étoit dû au merite de M. l'abbé Fleury, & faifoit honneur à l'academie.

Les études des trois princes étant finies, l'an 1706. le roi lui donna le prieuré d'Argenteuil ordre de faint Benoît diocèle de Paris. M. Fleury exact obfervateur des canons, dont il avoit fait une étude particuliere, donna alors un rare exemple de défintereffement, en re mettant à fa majefté l'abbaïc de Loc-Dieu. Dès-lors délivré des em barras de la cour, où il n'avoit pas laiffé de vivre comme dans une parfaite folitude, ne fe mêlant que des devoirs de fon emploi, & donnant tout le refte de fon tems au travail, il ne penfa plus qu'à emploïer fes talens & fon repos au fervice de l'églifes Dès l'année 1674, il avoit fait imprimer fans y mettre fon nom, une Hiftoire du droit François, qu'on a depuis mife à la tête de l'Inftitution au Droit François, com pofée par feu M. Argoud avocat en Parlement. L'an 1681. il compofa le traité des Maurs des Ifraelites, qui eft comme une introduction à la lecture de l'ancien teftament; & il fit fuivre de près celui des Maurs des Chretiens, qui donne une grande idée de la vie fainte des premiers difciples de Jefus-Chrift, & de ceux qui ont vêcu après eux dans les premiers fiecles. Son Catechifme Hiftorique avoit deja paru en 1679, pour donner une idee de l'hiftoire de la Religion depuis la création jufqu'a Jefus-Chrift, & depuis Jefus-Chrift, jufqu'à nous. Cet ouvrage fut depuis traduit en plufieurs langues. La Vie de la Mere d'Arbouze, reformatrice du. Val-de-Grace, parut en 1684. & en 1686. le Traité du choix & de la Methode des Etudes, que M. Dupin re garde comme la clef de tous les ouvrages de M. Fleury. Après y avoir fait l'hiftoire des études de toutes les fciences, depuis le commence ment de l'eglife jufqu'à prefent, il y donne des confeils fur la metho de d'etudier par rapport aux differentes perfonnes. L'année suivante il publia l'Inftitution au droit Ecclefiaftique, qui eft un abregé de la pratique du Droit Canonique, & de la maniere qu'elle eft en ufage. Et dans l'année 1688. il donna les Devoirs des Maitres & des domeftiques, où les uns & les autres peuvent profiter des avis géneraux qui y font folidement établis.

Enfin, il entreprit un corps d'Histoire Ecclefiaftique, dont on a vinge volumes, le premier ayant paru en 1690. & le dernier fur la fin de 1719. Il s'eft proposé dans cet ouvrage de rapporter les faits certains qui peuvent fervir à établir ou à éclaircir la doctrine de l'égli fe, fa difcipline & fes mœurs. Homet les faits peu importans, qui n'ont point de liaison entr'eux, ni de rapport au but principal de Phiftoire: il n'admet que le témoignage des auteurs contemporains, & encore faut-il qu'il foit perfuadé de leur bonne foi, Il n'a femé dans

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