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M. Fontanini, et en quelque sorte, je serois porté à croire qu'il est repréhensible; car supposant, comme le savant prélat en convient, que Pline et Varron sont de même sentiment sur la pintade et la meleagride, qu'ils regardent comme étant une seule et même espèce, il faut nécessairement, ou que Pline n'ait pas compris le fastidium hominum de Varron, ou que ces mots propter ingratum virus soient fautifs, et que le texte ait été corrompu; en voici la preuve.

Tous deux, Varron et Pline, conviennent que la pintade et la meleagride sont la même chose; tous deux s'accordent à dire qu'elles sont fort recherchées des Romains, qu'elles sont fort chères en Italie, et qu'elles font les délices des bonnes tables: mais Varron prétend qu'elles ne sont recherchées que par les gens de bonne chère, propter fastidium hominum, c'est-à-dire, que pour piquer leur goût, et les remettre en appétit; et Pline veut quelles ne soient rares que propter ingratum virus; quel rapport et quelle conséquence!

Le plus savant des commentateurs (1) de Pline que la mort nous a enlevé depuis peu de temps, dit là-dessus, que ce naturaliste a voulu nous faire entendre que la pintade étoit en soi-même un fort mauvais ragoût, et qu'il n'étoit en vogue que par la fantaisie dépravée des Romains, qui cherchoient comme on fait encore aujourd'hui, à ranimer leur goûr

(1) Le père Hardouin, Jésuite.

par un mets, qui n'avoit rien de bon que sa rareté et sa cherté. La remarque est fort bonne, tant qu'elle se renferme dans le général, mais on me permettra de la trouver très-mal appliquée à l'espèce particulière dont il s'agit, parce qu'en effct la pintade, par elle-même, mérite la préférence chez les gens d'un goût délicat, et qu'elle est très-capable de devenir l'objet d'un rafinement de sensualité.

Je conviendrai, si lon veut, que la rareté d'un mets, quoique d'une bonté médiocre, en fait souvent le prix; qu'il y a même des ragoûts détestables, auxquels une débauche outrée peut donner de la vogue; mais on conviendra aussi avec moi, qu'il est hors de vraisemblance, que des auteurs tels que Varron, Petrone, Horace, Juvenal et Martial, ayent fait, à l'envi, l'éloge de la pintade, si elle avoit été, que Pline s'exprime, un ragoût d'empoisonneur, propter ingratum virus.

ainsi que

Concluons donc en premier lieu contre M. Fontanini, que Varron ayant une parfaite connoissance de la pintade et de la meleagride, s'est exprimé trèsexactement et très-clairement, soit quand il les a réunies sous une même espèce, soit lorsqu'il a marqué la raison de sa rareté et du prix qu'elle coûtoit à Rome.

Concluons en second lieu avec M. Fontanini, que Pline n'a pas compris, ou a mal rendu le sens de Varron; ou qu'il n'a pas bien connu la nature de la pintade; ou enfin, ce qui me paroît plus vraisemblable, que le texte de Pline n'est pas fidèlement rapporté, de la manière dont on le cite. Je crois avec

raison, devoir m'attacher à ce dernier sentiment, par l'estime que l'on doit avoir pour un si habile homme, n'étant pas croyable que la poule de Numidie fût assez peu connue de ce sçavant naturaliste, pour qu'il en ait pu porter un jugement si faux.

Ce qui me fait croire que le texte pourroit être altéré dans cet endroit, c'est que les termes qu'on rapporte de lui, sont extraordinaires, et tout-à-fait obscurs: Veneunt magnò propter ingratum virus. Ces derniers mots me paroissent incompréhensibles, et nullement faits l'un pour l'autre. A-t-on jamais pensé qu'une viande fût chere et recherchée, parce qu'elle est détestable et capable d'empoisonner? d'ailleurs, que signifie un poison ingrat ou désagréable? Un écrivain aussi judicieux et ausi sensé qu'est Pline, seroit il capable d'employer une expression si bizarre et si ridiculement tortillée? Ceux qui sont à portée de consulter les différentes éditions, pourront peutêtre y trouver de quoi confirmer mon sentiment; c'est ce que j'abandonne à leurs recherches, faute de commodité et de loisir pour pouvoir le faire moimême. Je suis avec beaucoup de respect, etc.

FIN DU TOME SEPTIÈME.

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Voyages dans l'intérieur de l'Amérique, par le père

Mareol.

Supplément aux lettres des missionnaires. Essai
sur l'état physique et moral des peuples indi-
gènes, qui subsistent dans l'Amérique, depuis les
conquêtes que les Européens ont faites dans cette
partie du monde.

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Notice sur les Sauvages, appelés Indiens du nord.

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